This Isn't the End ...

Héliport de Quantico, Virginie, Base et camp d'entraînement des US Marines.
26 Octobre 2000 - 18h41 PM, heure locale.

L’air chaud et lourd balaye la piste d’atterrissage, présageant un orage comme rarement le camp en avait connu. Roger Melvins sort de sa guérite, armé de ses bâtons lumineux, reniflant l’air humide et tourmenté autour de lui. Tout en comptant dans sa tête les heures restantes de sa garde, il envisage avec espoir pouvoir passer au pub avant que le ciel n’éclate. Le dernier match lui avait rapporté 46$ en tablant sur les Knicks, et il comptait bien les dépenser sur une bonne bière fraîche, à l’abri de la pluie imminente, avec les collègues.
Lorsqu’il s’apprête à retourner dans son abri, sa radio grésille, et fait entendre la voix nerveuse d’un pilote :
« Transports N°4 et 5, code « Homecoming » en approche ! Trajet Sud Ouest par la côte, requiert autorisation d’atterrir sur piste 2, Terminé ! »
Saisissant son poste, Melvins répond par la formule protocolaire qu’il connaît maintenant par cœur :
« Transports 4 et 5, ici poste piste 2, l’héliport est à vous,
Puis, songeant au climat plus que défavorable, ajoute
« Tâchez de vous dépêcher, un orage se prépare, entamez votre approche par la route 25 Sud-Est, les collines vous protégerons des vents. Quel type de rapatriement effectuez-vous ? Terminé »
Le vent semble se lever à cet instant et manque de souffler le ciré de Mevlins, qui rentre précipitamment dans sa guérite, en même temps que de chaudes gouttes de pluie comencent à tomber.
« Rapatriement de type Extraction en Zone Hostile, Opération Toledo Rescue de type Secret Défense. Prévoyez une unité médicale, j’ai trois soldats blessés dans le coucou N°5, et deux blessés dans le N°4. Il y en a aussi un qui délirait et qui semble avoir perdu conscience ! Prévenez aussi le Major de la part du Colonel Virus, il a un rapport urgent à faire ! Terminé ! »

Quinze minutes plus tard, le technicien gesticule des directions, et s’efforce de diriger les deux hélicoptères vers le plancher des vaches.

Extraction en zone hostile en effet ! se dit Melvins, qui ne peut s’empêcher de noter des impacts de balles sur la carlingue de l’un des hélicos, et les traces sanglantes sur une des portes d’embarquement. Au loin, les sirènes s’approchent, accompagnées par un hummer d’état-major, vraisemblablement transportant le Major. Quel type de mission ça a pu être, pour être classée secret défense, songe Melvins alors que les deux appareils enfin posés coupent leurs moteurs et commencent à ouvrir leurs portes, Sûrement le genre dont tu as plutôt intérêt à garder tes questions pour toi, Roger. Allez, bientôt un bon Whisky, et tu oublieras tout ç …

Le fil de ses pensées est interrompu par l’ouverture subite de la porte de l’appareil N°4, laissant émerger le Colonel Virus, les mains ensanglantées, et le regard noir de détermination. Derrière lui, le reste de son escouade, semble sortir d’un mauvais film de guerre. Les blessés font peur à voir, et les visages des soldats indemnes font froid dans le dos.
« Alors, ces secours, c’est pour l’an quarante ? J’ai des blessés qui vont pas tarder à y laisser leur peau là dedans ! » gueule-t-il à l’encontre de Roger, désemparé par la vue de ce sang.
« Ils … Ils … Ils sont en route, Sir. Juste à quelques secondes d’ici » parvient à bégayer Melvins, impressionné par les yeux de cet officier qui semblent le transpercer, et en disent long sur l’enfer d’où il est revenu, quel qu’il ait pu être …

Melvins aura sûrement besoin de deux whisky ce soir là.